Osez la différence !

N’y voyez aucun mal mais parfois, oser la différence, faire l’inverse de tous de façon quelque peu démesurée, peut rapporter son lot de surprises.

 Il suffit bien souvent d’observer vos voisins d’un jour, qui partagent la même passion que vous, pour comprendre rapidement les similitudes dans les approches qui rendent bien souvent les poissons méfiants. Par conséquent, le silence radio des détecteurs est criant de vérité. Dés lors, on tente de ruser, de trouver la faille ou le petit « plus» qui nous fera prendre un poisson, mais qu’en sera-t-il le lendemain?

Parfois, oser une approche complètement différente et décalée pour beaucoup peut rapporter son lot de surprises et le sentiment d’avoir réussi. 

L’une des options souvent oubliée consiste à effectuer une pêche de rendement, afin de capturer le maximum de poissons. Je ne parle pas ici d’amorçage à long terme, mais de tenter de créer une euphorie alimentaire. C’est une bonne option à contre courant pour glisser quelques stars dans nos filets. Voyons comment mettre en place une stratégie simple et payante dans bien des situations.

Bien choisir la période & le lieu.

C’est un facteur assez logique à comprendre mais bien souvent oublié. Effectuer une approche comme celle évoquée plus haut ne peut se faire sans une préparation en amont. Anticiper la bonne période est primordial et connaître les lieux est un plus indéniable. 

L’idéal est de privilégier la période d’avant fraie et pour les premières baisses des températures une fois la saison estivale passée. J’aurais tendance à dire fin avril et fin septembre pour cibler sur un calendrier. 

Prendre la température de l’eau est un excellent indicateur, avec lequel il est difficile de passer à côté. Une quinzaine de 15 degrés associée à une lune montante représentent le meilleur timing pour optimiser les phases d’alimentation. 

Le choix du lieu est également essentiel pour mettre toutes les chances de son côté. Choisir un terrain de jeu bien peuplé et doté d’une zone à pêcher peu éloignée du bord est selon moi une obligation. 

Une approche décalée pour pêcheur motivé

 S’il y a bien une chose dans la pêche comme dans la vie en général qui devient lassante, c’est de faire comme tout le monde. Cultiver la différence, observer et agir à contre-courant nous donne bien souvent satisfaction.

Pratiquer une telle approche est peu commun. Bien souvent, on passe pour un extra-terrestre au bord de l’eau mais lorsque cela fonctionne, certains retombent vite sur terre. 

La pêche de rendement est une technique qui permet de prendre un maximum de poisson afin de tenter de glisser quelques pépites et gros poissons parmi une multitude de carpes qui, comme bien souvent, se jettent sur les esches pour les plus petites et nous empêchent de prendre les plus imposants sujets.

 Pour se faire, des quantités d’appâts importantes sont nécessaire afin de réaliser une accoutumance alimentaire et créer une euphorie. Les petites particules comme le chènevis et les tigers broyées sont extrêmement prenantes et contribuent à garder le poisson en activité. Celles–ci ne sont pas toutes ingérées par les carpes, car par définition elles mettront plus de temps à tout aspirer. Une bonne partie sera involontairement éjectée par les ouïes lors des phases d’alimentation. Le spot sera donc toujours attractif, quoi de mieux. Incorporer des bouillettes de différents diamètres dans votre amorçage sera également prenant, et séduira d’autres poissons.

Enfin, l’ajout de farine et additifs attractifs forcera les poissons à rester sur la zone de pêche, et de rentrer parfois en véritable euphorie alimentaire. 

Où amorcer ?

S’il y a bien une réflexion à mener sur cette approche, c’est le spot à exploiter. Il faut tenir compte de certains paramètres en amont, comme la distance de lancer qui peut engendrer une fatigue persistante. Plus cette dernière est importante, plus l’approche sera difficile à réaliser.

La motivation doit être de la partie. Bien souvent, on pratique du bord et propulser de grosses quantités d’appâts est usant. Mais le jeu en vaut réellement la chandelle, car quand la magie opère, les résultats peuvent vite arrivés. 

Il est également nécessaire d’exploiter une zone visitée par les poissons. Il est possible d’inciter des carpes à se nourrir sur certains spots oubliés, et donc plus calmes, mais cela prendra plus de temps et d’investissement. Les zones de passage, de tenue ou d’alimentation sont donc logiquement à privilégier, tout comme les hauts-fonds qui sont de véritables aimants à poissons pendant les périodes évoquées plus haut.

Retour d’expérience 

Lors du tournage Korda « in session » à la fin du mois d’avril dernier, cette stratégie de pêche de rendement a parfaitement fonctionnée. 

A peine arrivé sur les lieux, marqueur en main, je trouve une zone dans les soixante-dix mètres du bord, délimitée par un léger dénivelé et un substrat plus dur que la normale. Une fois certain du spot, j’ai déversé pas loin de 15 kilos d’un mélange de graines/bouillettes le tout accompagné de farine spécifique pour la pêche au zig.

Cette dernière a provoqué une véritable frénésie alimentaire, en diffusant dans les différentes couches d’eau. Les carpes sont devenues littéralement folles et les touches se sont enchainées pour le plus grand plaisir de la caméra.

L’important est également d’être réactif, que ce soit dans l’amorçage, le placement des lignes et le montage. 

Repérer sa zone de pêche à l’aide des distances sticks a été un atout indéniable. Cette approche permet de replacer ses pièges avec précision, même de nuit et de gagner du temps.

Le montage employé permettait de changer rapidement d’hameçon, afin d’éviter toutes déconvenues et limiter les risques de perte. N’oublions pas que le premier lien avec le poisson, c’est l’hameçon ! L’association rigidité/souplesse dans un montage a déjà fait ses preuves, mais associée à un troisième paramètre, l’agressivité, il devient imparable. N’oubliez pas de varier les esches pour trouver le bon compromis. Il n’est pas rare de déclencher la touche tant attendue en passant d’une graine traditionnelle à une bouillette classique… Certains poissons ont des besoins nutritifs différents et privilégieront certains appâts plutôt que d’autres.

Lors de ce tournage, nous avons seulement perdu deux poissons pour environ soixante-dix carpes, autant dire que le ratio est proche du zéro…Le conditionnement  a eu pour conséquence de rendre le poisson moins méfiant. Les touches sont devenues plus franches et les piqûres plus profondes.

Au milieu de cette foule de carpes déchainées, se cachaient sûrement quelques unes plus atypiques. La sensation du devoir accompli a été réelle après avoir glissé dans nos filets une pépite écaillée de toute beauté.