Quelques heures suffisent ! - Bruno Médou

Préparer

Depuis quelques années je mesure à quelle point la préparation en amont peut aider à mieux optimiser son temps de pêche, je m’aperçois en parallèle à quel point celle-ci peut influer sur les résultats. J'ai désormais trois enfants et après avoir profiter pleinement pendant deux décennies, j’ai du réorganiser mon temps de pêche. Partir moins longtemps mais plus souvent, voilà a quoi allait ressembler cette réorganisation.

Lorsque l’on pêche de longues sessions, la stratégie que l’on peut mettre en place est bien différente de celle d’un coup du matin, d’un 24h ou d’un 48h. Lorsque l’on a du temps devant soit, il est parfois bon de construire sa pêche sur la durée, en amorçant des zones larges ou parfois les poissons mettront deux ou trois jours à rentrer. Cette stratégie je l’ai à maintes reprises validée en grand lac, ou sur des gravières ou je pouvais faire le siège.

Désormais, ma phase de préparation est différente. Je prends un grand plaisir à ne pêcher que de jour une poignée d’heure, le matin, le soir ou encore des journées complètes du matin au soir. Dans ce type de pêche, l’attente n’est pas un atout puisque chaque minute compte. Pour mettre toutes les chances de mon côté, j’opte alors pour un repérage acharné. Je pars très régulièrement 1h plus tôt le matin au boulot pour observer et passer du temps sur des spots préalablement choisis. Le soir je fais également régulièrement mon footing autour des lacs que je cible, ou sur les biefs de rivière sur lesquels j’ai des ambitions.

L’aube, et les premières heures du matin sont bien souvent les meilleures pour déceler des sauts ou autres signes d’alimentation. C’est à ces moments que l’on a régulièrement des pics d’alimentation !! Mes 15 années de notes dans mon carnet sont très parlantes à ce sujet. J’ai une grande partie de mes touches le matin très tôt et très généralement entre 06 et 08h30. Me lever un peu plus tôt et avoir ce petit moment au bord de l’eau avant de commencer une journée de boulot est d’une part, très agréable mais influe également beaucoup dans ma manière de pêcher.

L’activité repérer chaque matin me permet de mieux choisir ou et quand je vais pêcher, mais également de mieux doser mon amorçage. En effet si l’activité des carpes à cette heure est marquante, je dois amorcer de façon à les habituer à trouver une quantité suffisante d’appâts sur ce créneau. En fonction des lieux, je dois également prendre en compte la présence des blancs etc. En pré amorçant chaque jour à des heures précises je conditionne les poissons à se nourrir à ces heures là. En pêchant à ces mêmes heures je suis donc préparé de la meilleure des façons et mis dans les meilleures dispositions. A de nombreuses reprises j’ai réussi à cibler précisément les horaires des départs. Très régulièrement, à la belle saison, malgré le fait que le jour se levait à 05h15, 5h30, les touches n’intervenaient pas avant 8h00/8h30. Après plusieurs pêches a différent endroits du lac, c’était tellement flagrant, que je dormais 1h de plus le matin en sachant que je ne perdais rien.

Sur un autre endroit, à force de passer du temps au bords de l’eau tôt le matin, j’avais clairement repéré un rituel journalier qu’appliquait un groupe d’une dizaine de carpes. Les deux premières heures après le lever du jour, ces poissons se manifestaient par des sauts et marsouinages le long d’une roselière dans un angle du lac. Dans ce laps de temps j’arrivais chaque matin à avoir entre 2 et 3 départs. Puis entre 7h30 et 8h tout se stoppait. J’avais remarqué, que l’arrêt total de cette activité coïncidait avec la levée du vent peut importe sa force. Qu’il s’agissait d’une simple brise, ou d’un vent soutenu, ce signal indiquait aux carpes qu’il était l’heure de bouger. L’eau étant assez claire, équipé de mes polarisantes j’avais réussi a déceler parfaitement le chemin emprunté par les poissons. Elles longeaient un long haut fond puis en environ 45mn a 1 heure se retrouvaient sur une zone éloignée d’environ 400mètres, sur un énorme banc de sable le long d’un quai en béton. En remballant a ce signal puis en me déplaçant rapidement il m’est arrivé a plusieurs reprises de prendre encore un ou deux poissons dans ma matinée sur cette zone. La leçon que je retire de toutes ces expériences matinales, c’est que j’ai de plus en plus une approche au feeling, a vue, et de moins en moins je pré-amorce mes postes en amont. Le sentiment de prendre un poisson lorsqu’on lui a couru après est vraiment génial.

Repérer

Logistiquement parlant, là aussi tout à son importance. A titre personnel je ne suis pas un grand partisan de l’ultra light, du « juste le nécessaire ». J’ai besoin de savoir que je peux m’adapter en fonction des situations auxquelles je pourrais faire face. Les carpes sont des poissons qui réagissent et se comportent différemment en fonction d’un tas de paramètres. Les conditions météorologiques, la pression de pêche, l’environnement etc. Ces éléments sont changeants et j’aime savoir que je peux agir sur le moment si je dois monter un ZIG, un flotteur surface, ou amorcer un peu plus car les carpes sont surexcitées. La mode de l’ultra light et compacte n’est pas forcément pour moi. Malgré cela, mon matériel est fonctionnel et me permet de remballer et changer de poste en une poignée de minutes si cela est nécessaire. J’ai un petit chariot qui me permet de transporter bien plus de choses qu’a la force de mes mains et mon dos et surtout sans souffrir.

Arrivé sur mon poste il reste chargé et il m’est arrivé a plusieurs reprises cette année de m’installer à 05heures du matin et de changer de poste à 6h ou 7h parce que je décelais de l’activité à l’autre bout du lac. Je préfère perde 15mn de temps de pêche pour pêcher sur les poissons, plutôt que d’avoir le regret de n’avoir bouger malgré avoir vu des poissons actifs !! Les poissons sont parfois très nomades, ils ont quelquefois des parcours préétablis et on les retrouve à des endroits particuliers en fonction des conditions météo. Si il fait chaud, ils sont tantôt sous des arbres morts à l’ombre, tantôt dans une baie en surface, ou encore ils errent au milieu des massifs d’herbiers la ou les eaux sont plus oxygénées. En les observant à plusieurs reprises, on s’aperçoit même que ce sont bien souvent, les mêmes arbres morts, les mêmes baies, et les mêmes zones enherbées. En fonction de cela, mais également de beaucoup d’autres facteurs, les types de pêche peuvent être complètement différents. Sous les bois, il faudra pêcher fort et solide, en surface, fin et léger et dans les herbiers parfois au Zig ou avec des PVA Solidz. Pour résumé, si je trouve les poissons mais n’ai pas le matériel avec moi juste parce que j’ai voulu prendre uniquement le nécessaire, je suis fou !!! Je ne compte plus les fois, ou malgré le fait que tout était sur OFF, j’ai bougé et réussi a prendre mon poisson au stalking sur une berge battue par le vent ou dans une zone d’encombres. Pour parer le plus rapidement à l’ensemble des situations auquel je pourrais avoir a faire face, je prépare un nombre conséquent de bas de ligne en avance. Ma boite est toujours remplie. Je les réalise en attendant les touches ou encore devant la TV chez moi, le soir. On y retrouve des IQ DRIG, des Spinner Rig, des ZIG,  ou encore des bas de lignes avec des hameçons XX et des tresses gainées en fort diamètre. Bref, j’ai le choix des armes !!

J’ai toujours aussi une bobine de XT snag Leader et une d’Arma Kord au cas où je devrais pêcher dans les bois, ou dans les herbiers. Côté corps de lignes j’ai également toujours mes bobines de rechanges dans mon sac. Passer de nylon a tresse m’a souvent permis de pêcher une zone que je n’aurais jamais pêchée en nylon. Il y a par contre d’autres éléments du pêcheur moderne sur lesquels je suis moins regardant. Exit les slings, je prends la photo sur le moment, pas besoin de level chair je suis en bonne santé et être assis sur un sceau, mon tapis, ou par terre ne me dérange pas. Vous l’aurez compris je préfère m’alléger côté confort mais avoir ce qu’il me faut pour m’adapter techniquement.

Pêcher

Même si j’essaye de préparer au mieux ces mini sessions en amorçant à l’avance quand je le peux, parfois cela n’est pas possible et je pêche alors une poignée d’heure au feeling. Lorsque l’on amorce très peu, il ne faut pas avoir peur de gaver les poissons ou du côté répulsif de nos mélanges parfois surdosés. Sur de très petites quantités (Un stick, un Solidz PVA, ou le contenu d’un baitboat) les dangers sont quasi inexistants. Les stick mix prêts à l’emploi que j’utilise sont déjà naturellement très riches et très attractifs. Néanmoins j’ajoute généreusement un de ces deux attractants liquide. Le Fosoil ou le le Multi-stim. Les pisciculteurs utilisent l’huile Fosoil pour imprégner les granulés afin de stimuler l'appétit des poissons. C’est une huile de poisson qui apporte un supplément en matières grasses mais également une bonne dose d’acides aminés. Ces derniers sont les 

Le Multi stim est lui un  agent unique et puissant qui stimule l'appétit des poissons. Il peut être utilisé seul ou combiné avec du Meta-Mino dans tous les types de préparation sans risque de surdosage. Très soluble dans l'eau, il favorisera l'attraction quelle que soit la température. Bien sur, tout autre liquide peut être ajouté mais il faut aussi savoir s’arrêter au minimum pour ne pas bloquer la mécanique de diffusion. Si vous avez faim et que je vous fais sentir quelque chose d’à la fois épicé, salé, sucré et carné, il est possible que cela vous dégoute plus que vous mette en appétit !! Mes choix en termes d’attraction sur des pêches très courtes s’orientent donc, vous l’aurez compris, sur des appâts très riches en acides aminés qui, par conséquent, seront naturellement assimilable et détectable. 

Dans des eaux claires je pense par contre que l’aspect visuel de l’appât prime sur son coté olfacto- gustatif. On le voit bien lorsque l’on jette des morceaux de pain aux carpes dans les bassins. Le pain ne sent rien mais sa mie de couleur blanche est très visible dans l’eau et les carpes s’en alimentent principalement a vue. Suivant le contexte je suscite donc l’extrême curiosité des carpes en leur proposant un appât contrastant totalement avec le fond. Pêcher selon ce principe avec une bouillette fortement colorée (jaune ou blanc), qui plus est décollée, peut s’avérer redoutable. Pourquoi flottant ?  Parce que le but est de rendre le plus visible l’appât en évitant les risques d’enfouissement sous des feuilles, dans la vase, ou dans les différents substrats recouvrant les fonds. L’important est de susciter la curiosité des poissons car il est avéré que les carpes, malgré qu’elles soient très peureuses, sont attirées par l’originalité. Les poissons que j’observe régulièrement se déplacent, voyagent d’une zone d’alimentation a une autre. Entre ces deux zones elles ne mangent pas, mais peuvent par curiosité « choper » une esche de couleur vive.

D’ailleurs, chaque années quelques carpes ici et là sont prises au vif par des pêcheurs de carnassiers et malgré la source protéiniques importante que peut apporter un petit gardon je suis persuadé que c’est l’effet de brillance sous l’eau qui déclenche très souvent la préemption de l’esche. Les carpes peuvent donc être attiré par un groupe de poissons blancs se nourrissant, par du pain laissé en surface par des passants, ou par tout autre chose qui attirent leur curiosité. Je compte plus les carpes prisent a vue, en stalking, sur ma pause déjeuner a une canne. Les pêches de quelques heures ne sont pas riches en grandes aventures comme celles que peuvent procurer les longues sessions sur des lieux sauvages. Cependant elles sont riches en adrénaline, en challenge et en apprentissage. En effet, lorsqu’il s’agit de prendre des carpes en très peu de temps il faut être stratégique et mettre en place une approche appropriée.

Je prends énormément de plaisir entre de plus longues sessions a traquer les carpes de toutes tailles en une poignée d’heures. C’est passionnant et je vous incite vivement a essayer.