Varier les plaisirs, osez le stalking ! - Bruno Médou

Considéré à tord comme une pêche d’attente, je m’étais fixé comme objectif cette année de parfaire mes approches rapides. Une seule canne en main, au flotteur, au posé, à vue ou à l’intuition,  j’allais vivre des moments magiques en tentant de prendre une carpe toujours plus rapidement.

Cette année,  j’ai eu la chance d’être particulièrement servi en termes de découverte. A chacune de mes sorties, J’ai pu me confronté à une destination ou je n’avais jamais mis les pieds auparavant. Affronter sans cesse l’inconnu est toujours très formateur. C’est à mon sens la meilleure des façons pour parfaire son expérience et accélérer ses facultés d’adaptation sur ses différents terrains de jeu. 

L’été, tout particulièrement pendant les périodes de grosses chaleurs, est une des saisons ou il est possible de pratiquer plusieurs techniques passionnantes, comme la pêche à vue.  J’ai toujours été persuadé que les résultats de nos sessions étaient à 90% conditionnés par la localisation des poissons. De ce fait, je n’ai jamais été un pêcheur de très longue session, ou du genre à faire le siège sur un grand lac dans l’attente que les grands bancs de poissons colonisent ma zone. Même si j’imagine que cette façon de vivre sa passion doit être palpitante d’un point de vue stratégique, je suis plutôt un pêcheur actif qui aime traquer, suivre et comprendre les habitudes des poissons. Dans toutes les circonstances, je construis donc ma pêche en fonction de ce que j’observe, devine ou imagine. Au bout de quelques heures sans résultat, je considère qu’en utilisant des montages et des appâts ayant fait leur preuve, si je n’ai pas de touche, c’est que les spots choisis ne sont pas visités. Je me laisse souvent un créneau de 16/17h de pêche avant de réévaluer ma stratégie. Ce créneau comprend systématique des temps d’alimentation reconnus que sont un coup du soir, la nuit plus le coup du matin. En gros de 18h à 10 heures le lendemain matin si je n’ai pas de touche je change mes spots ou déménage carrément. Par forte canicule, la localisation des poissons est encore simplifiée. Hormis les spots classiques que sont les zones ombragées, les zones très oxygénées comme les avals des barrages, des écluses, les arrivées d’eau, etc. ou encore les zones remplies d’herbes, les poissons se montrent très souvent à fleur d’eau a la recherche d’oxygène. Au mois de juin dernier la canicule a envahi le pays et s’est installée pour une période de parfois deux à trois semaines. Les eaux sont brutalement montées en températures, l’air est devenu irrespirable et les poissons se sont décollés du fond pour se faire voir un peu partout sous les branches et en surface. 

Acte1 : Nouvelle destination nouvelle sensation

Mi Juin, alors que l’air à Paris est étouffant et que les températures affichent 35 degrés en journée et 24/25 au cœur de la nuit, je décide de m’octroyer un week-end de pêche sous le signe de la convivialité. Avec mon pote Vincent je pars à 300km de chez moi visiter le plan d’eau de mon ami Jérôme. Conscient que la météo va rendre la pêche ultra compliquée, je pars en mode détente et partage avec l’optique de passer du bon temps plus que de pêcher. 

Cependant, comme souvent, une fois sur place, la beauté des lieux va me faire passer en mode pêche !! Exit les barbecues qui s’éternisent, la sieste l’après midi à l’ombre sous un arbre, et le mode bronzette. En une fraction de seconde, et un coup d’œil sur le plan d’eau, je savais que j’allais passer mon Week-end à chercher les carpes à vue ! J’étais au paradis, dans un lac à l’eau limpide qui me permettait d’observer les carpes évoluer partout sur les 7ha d’eau que j’avais devant moi. Pas besoin de bateau, d’aquascope, d’échosondeur and co. Une simple paire de polarisante sur le nez et je devine des masses noires sur l’ensemble du plan d’eau. Les deux premières heures je ne mets pas une canne à l’eau et consacre ce temps à observer le déplacement des carpes et a deviner les potentielles zones d’interception. Je constate que les poissons sont divisés en plusieurs groupes sur le lac. Sur les grandes langues de sables entre les massifs d’herbiers je les vois se déplacer. Je repère également des fouilles et des ombres sous deux arbres morts qui représentent des spots de toute beauté. Il y a aussi de très jolis bancs de nénuphars mais malgré l’aspect attractif de ces zones je n’y aperçois aucun poisson. 

Arrivé en fin d’après-midi, je décide de placer mes trois lignes avec uniquement un soluble en guise d’amorçage. Je mise tout sur l’attraction. Un petit filet PVA rempli de pellets Cell Mainline et un Wafter flashy préalablement imbibé de GOO. En été, les poissons sont plus curieux qu’affamés. Amorcé peu la ou ils se trouvent, ou sur les chemins qu’ils empruntent, permet souvent de déclencher une touche.

Depuis mon arrivée, hormis quelques gardonneaux du gabarit d’une épinoche, quelques Black bass, et quelques calicobas, je n’ai pas vu l’ombre d’une brème, d’une tanche, ou d’un rotengle. Il me faut donc amorcer juste, ne pas compter sur le « brouarra » des poissons blancs sur ma zone pour attirer les carpes. Je pêche pour un poisson. Vu que je dispose de 7 hectares d’eau pour moi tout seul je n’ai aucune raison, de concentrer mes lignes sur une zone précise. Mon objectif est d’intercepter un ou des individus des différents groupes de carpes que j’ai pu observer. J’éclate donc complètement ma pêche en m’étalant sur 2/3 hectares. La soirée est calme mais je devine un drole de manège sur la bordure de gauche de mon poste. Un gros buisson formant un carré de ¾ mètres carré d’ombres en journée attire mon attention. A la pointe de ce dernier, plusieurs bulles remontent régulièrement. Même s’il est au final très difficile de dissocier une vraie fouille de carpe a de la vase qui dégage de l’air ou a une brème une tanche etc. ici je suis quasi sur de mon coup. Un fond sablonneux dénué de vase, très peu de poissons blancs observés et des bulles qui avancent ne laisse que peu de doutes sur l’origine de ces dernières. En début de soirée, alors que le soleil glisse sous les cimes des arbres de la forêt, j’observe les poissons commençant à préparer leur périple pour la nuit. Je devine des ombres sortir peu a peu des gros massifs d’herbiers. Un ou deux poissons manifestent même leur présence avec de jolies cabrioles. Nul doute que l’énergie dépensée à voyager ou à « jumper », va devoir être comblée par de brefs moments d’alimentation. 23 heures j’enregistre ma première touche sur cette nouvelle eau. Le premier départ sur une nouvelle destination est toujours particulier. Il est difficile de deviner le poids des ombres que l’on voit se déplacer à plusieurs dizaines de mètres. Malgré tout, certaines ne laissaient pas la place aux doutes. Il y avait des masses imposantes, des vrais bons poissons. Chanceux, je ressens que cette première touche n’est pas à louper ! C’est lourd et massive. Le poisson se sert de son poids en se retournant doucement pour tenter de se décrocher. Dans une eau proche des 28 degrés les poissons manquent d’oxygène et ce combat s’en fait ressentir. Je me régale sur ma petite 10 pieds à observer dans le « halo » de ma frontale, une massive miroir approche doucement mais surement du triangle. Encore un effort et elle glisse dans le filet. Elle est effectivement épaisse et terriblement belle !!  Je mesure à cet instant le privilège de pouvoir me confronter à des poissons totalement vierges, qui ne croisent jamais le fer. Le poisson est immaculé, intact et accuse un poids respectable de 21 kilos Je m’autorise une mise en sling afin que le poisson puisse pleinement récupérer. Je ferais les photos au petit matin. Je me couche déjà pleinement satisfait de ce premier round mais à 05heures du matin, la cloche du second round sonne !! J’ouvre l’œil juste au moment ou mon hanger claque contre le blank. La bobine siffle et il me faut deux secondes pour empoignée mon fleuret. J’ai l’impression de revivre le combat de la veille au soir mais en pire !! C’est aussi lourd voir plus. Ma première impression aura été la bonne. Après quelques minutes de combat, Je devine une splendide miroir toute grise rentrée dans l’antre. Badaboum !! Elle est encore plus massive et  lourde que la précédente !! Whaou quelle première nuit !! 

La séance photo du petit matin me carbonise les bras !! Quel « kiff » de pouvoir se mettre a l’eau avec des poissons d’un tel gabarit. Le « cul » dans les nénuphars je capture quelques splendides images qui me laisseront un excellent souvenir de ce lieu. Puis c’est au tour de Vincent d’empoigner une de ses cannes. Il combat un joli poisson qui nous comble de plaisir. C’est une jolie miroir passant de quelques grammes les 17 kilos. yeahh !! 

Go Stallking

Après cette double séance photo mémorable, le café du matin glisse plus que bien !!! Mon pote Vincent installé une centaine de mètres plus loin n’a rien vu de la nuit mais reste confiant dans son approche au vu de mes résultats. Il décide de poursuivre sa stratégie dans une pêche classique d’attente. Il pense que les poissons vont rentrer sur le coup tôt ou tard. Pour ma part je décide de varier les plaisirs. Le soleil commence à taper généreusement et je tombe déjà le sweat-shirt, il est 8h30. Fort de mes observations de la veille, je décide traquer els carpes a vue une bonne partie de la journée. Je remonte mes lignes et n’en garde qu’une que j’équipe spécialement pour le stalking.  Je vais devoir pêcher dans une eau très claire, sur des fonds clairs, proche d’arbres morts ou de gros massifs d’herbiers. Je dois donc à la fois miser sur la discrétion mais également pêcher fort pour ne pas faire fasse à de grandes désillusions. Je passe donc sur une bobine en tresse Sub braid et ajoute une tête de ligne en fluorocarbone IQ 2. Ces deux éléments se mari parfaitement. La Sub braid est d’une couleur très discrète et se plaque naturellement sur le fond. Le fluorocrabone IQ2 est lui totalement invisible mais également très résistant à l’abrasion.  Le reste du montage est plutôt classique. Un Hybrid QC en guise de clip pour me permettre d’éjecter rapidement le plomb si les herbiers s’amassent sur le plomb. Le bas de ligne lui est composé d’un petit IQ D-RIG en fluoro également. Très discret ce montage va me permettre de pêcher a vue en toute confiance.

Pour l’esche je reste fidèle à mes petits wafters imbibés de GOO qui ne me déçoivent pas depuis le début de l’année. Je décide de tourner sur deux ou trois postes ou j’ai aperçu des poissons venir régulièrement. Pour avoir un temps d’avance sur les poissons je les ai tous amorcé à l’aube avant ma séance photo. En procédant ainsi je m’assure que ls poissons puissent trouver de la nourriture dés lors arrivée sur la zone. Ils peuvent donc se mettre en confiance et assimiler ce spot et y revenir régulièrement. Il est environ 9heures et après un second café avec le pote Vincent je me lance dans mon périple. Le premier spot est un buisson assez conséquent formant un refuge ombragé d’environ 5 mètres carré. Celui ou j’ai pu observer de nombreuses fouilles. Je pose délicatement mon plomb de 20grammes à la pointe du buisson. J’amorce à la main deux poignées de Power Particles Mainline. Un mélange de chènevis et autres micros graines imbibées de stimulateur d’appétit ultra attractif. L’attente commence. Au bout de 10mm je vois les premiers pétillements de l’huile de chènevis remonter. Ce signe est la preuve que quelques poissons commencent à tourner sur la zone. 10 minutes plus tard un premier chapelet de bulles remontent. hummm je suis aux aguets !! Je pêche fil complètement détendu afin que le corps de ligne se plaque entièrement sur le fond. Ainsi, je permets aux poissons ne pas se heurter a un fil tendu et d’être alarmer. Mes yeux alternent entre la surface de l’eau, à l’aplomb de mon montage et ma bannière détendue. Les petites tensions de ma bannière m’indiquent que des poissons sont sur ma zone !! Je suis de plus en plus tendu, les sensations sont terribles, c’est passionnant et tout d’un coup ce qui devait arriver arriva. La bannière se tend brutalement et ma canne posée dans les roseaux ne manque de partir à l’eau !! Heureusement que j’ai encore quelques bons réflexes ! Je rattrape le talon au vol et joue le tout pour le tout. Je bloque la bobine et tente en force de sortir le fish de l’arbre. Sa passe ou sa casse ! Pour le coup, le poisson prend la direction du large et le combat peut donc s’assouplir. Ce coup-ci, de jour, le plaisir est démultiplié. L’eau cristalline me permet de prendre mon pied en observant une jolie miroir lutter vaillamment pendant plusieurs minutes. C’est un joli poisson d’une dizaine de kilo, vraiment superbe !! 

Lorsque je pêche au stalking de la sorte j’opère toujours de la même façon. J’alterne les spots pour laisser des temps de repos. Après cette capture je réamorce le spot et part quelques dizaines de mètres plus loin stalker sur ma seconde zone amorcée. Une bordure de roselière magnifique avec quelques gros herbiers proches du bord. J’opère de la même manière. Quelques poignées de chènevis pour réactiver la zone entretenue et l’attente commence.

Mes yeux alterne entre ma bannière, mon scion, et il ne faudra que très peu de temps pour que la touche intervienne !! C’est un poisson très lent et très lourd que je combats. Je devine une masse imposante se débattre le long de la roselière. Malgré tout la lutte ne s’éternise pas. Dans une eau avoisinant les 28 degrés les poissons manquent d’oxygène assez rapidement. Elle se retourne deux ou trois fois devant moi pour enfin rentrer dans l’épuisette. Au premier regard, du haut de mon spot, je vois un dos très large mais quelques écailles proches de la queue ne me laisse indifférent. Avec l’aide de mon pote Vincent je hisse le poisson sur la berge et reste scotché ! Je viens de reprendre le poisson passant les 23 kilos de la veille ! C’est fou je l’ai relâchée a une centaine de mètres plus loin il y a une poignée d’heure !! Parfois la pêche réserve de drôles de surprise ! 

En alternant temps de repos et entretien des spots je capturerais encore plusieurs poissons tout au long de la journée. 

Tout au long de ce week-end découverte j’ai pu observer quelques beaux poissons que j’aimerais bien mettre dans ma musette. Au moment de repartir je suis pleinement satisfait de mon Week-end mais reste un peu sur ma faim. 15 jours plus tard j’allais donc remettre ça accompagné de Julien, Romain et Albin. Caméra au point nous allions passer un week-end plus que sympa ….