Bien amorcer en rivière - Nicolas Chevret

Face à une pression de pêche toujours plus importante en plan d’eau, la rivière offre aux carpistes, un havre de mystère et de tranquillité indispensable à la pratique de notre passion. L’eau courante fascine depuis la nuit des temps les pêcheurs de carpes sauvages, principalement des communes, qui offrent des combats de fou !! La possibilité de capturer une carpe énorme reste toujours possible même si, en gravière ou en lac, cela demeure nettement moins compliquée. Le record français actuel  qui concerne la plus grosse carpe de rivière est toujours détenu par Marcel Rouvière avec une carpe miroir de 37 kg, prise dans l Yonne, à l’écluse de la Brosse-Montceaux. Bref, si vous voulez vivre des moments forts en émotion, en toute quiétude, loin du brouhaha des berges des lacs, envahies de batteries de cannes, la rivière vous offre tout ce dont vous rêvez et peut-être encore plus !

Première question : quel poste choisir ?

 L’approche en rivière est totalement différente de celle des plans d’eau. Il faut désormais penser « eau courante » avec tout ce que cela comporte. Le repérage des postes et le sondage doivent se faire avec grand soin. C’est ce qui conditionnera les résultats de vos futures pêches. Les postes en rivière sont souvent simples à trouver tant ils sautent aux yeux. Les bordures restent très visitées par les carpes, tout comme les herbiers, les plaques de nénuphars, les arbres dans l’eau, les piles de ponts, les écluses, les îles, les roselières…Sans oublier les secteurs qui, pour diverses raisons, sont protégés du courant (bras morts, darses, ports, barrages, virages haut-fonds…) Parfois, on se retrouve face à une portion de rivière où il y a tellement de postes qui sentent la carpe, que le choix d’un d’entre eux devient un vrai casse-tête. Dans ce cas, l’idéal est de repérer les poissons à vue. Les carpes sont généralement les plus activent en surface au lever du jour et au coucher du soleil. Elles ne sautent pas systématiquement hors de l’eau, mais marsouinent régulièrement, laissant apparaître de temps à autre une dorsale ou un bout de queue. Il faut parfois faire preuve de beaucoup d’attention pour déceler ces manifestations de surface. Si vous constatez que, sur un poste précis, les carpes se montrent plus souvent en crevant la surface de l’eau, n’hésitez pas une seconde et pêchez-le en priorité même si d’autres postes semblent plus propices a première vue. La journée, en se baladant en barque entre les herbiers et sous les branches des arbres immergés, il n’est pas rare de surprendre quelques poissons passifs. Bien qu’il soit le plus souvent impossible de les pêcher dans de bonnes conditions sur ces zones encombrées, cela permet de se faire une idée du cheptel du secteur et de la taille moyenne des carpes et surtout, c’est un spectacle extraordinaire qui vaut largement  une capture.

            Aujourd’hui, le nombre sans cesse croissant  de pêcheurs qui arpentent chaque week end les berges, influence fatalement nos résultats. Les carpes deviennent méfiantes et les pêcheurs doivent en tenir compte pour continuer de les piquer !!! On assiste à une pêche stéréotypée avec comme unique tactique, des amorçages composés d’une vingtaine de bouillettes tout au plus, disposées au plus près de chaques montages et parfois accompagnées d’une poignée de graines et/ ou de pellet. Je ne remets pas en question cette façon de faire qui peut s’avérer excellente dans certaines conditions. Il faut aussi dire que c’est aussi la société actuelle qui veut ça : avant d’aller au bord de l’eau il faut gérer le travail, la famille et tous les soucie quotidiens. Le constat qui en ressort : un manque de temps et d’argent !! Je rappellerais simplement qu’a répéter systématiquement la même méthode, nous finissons par éduquer les carpes et cela même en rivière chose qui paraît impossible vu le cheptel. Depuis le temps que la pêche au spot ou l’amorçage en assiette perdure, il me semble logique de revenir à des techniques d ‘amorçages plus en accord avec notre objectif, les carpes goulues de rivières.

Conditionnement positif

 Les campagnes d’amorçages ont été selon moi bannies trop rapidement par les carpistes souvent par manque de temps ou par négligence. Pourtant, soyez-en sûr, un bon amorçage correctement réalisé et surtout au bon endroit, vous apportera plus de touches et pas forcement les plus petits poissons, bien au contraire ! Un amorçage antérieur de quelques jours (je pense que c’est un minimum) permet aux carpes de se familiariser avec ces nouveaux appâts tombés du ciel. Au fil des jours, il se crée un phénomène de conditionnement positif des poissons, face à cette nourriture facile et sans danger. L’idéal consiste à tenir le poste amorcé durant plusieurs mois et de le pêcher deux à trois jours toutes les deux semaines. Ainsi, on ne dérange pas trop souvent les carpes et l’on crée une accoutumance durable. C’est le meilleur moyen de sélectionner les plus gros sujets On appelle cette méthode la pyramide d’amorçage. Elle consiste à opérer de copieux amorçages afin d’attirer un maximum de poissons les premiers jours. Peu à peu, les carpes les plus grosses qui sont souvent les plus méfiantes finissent par s’intéresser à cette agitation quotidienne des petits poissons. Quand elles découvrent cette manne providentielle, elles deviennent accros à leur tour !

 Bouillettes équilibrées et digeste

 Mais pour obtenir un tel scénario, il convient d’employer des appâts qui plaisent naturellement aux carpes et qui soient dotés d’un apport nutritif équilibré afin de garantir une bonne digestion. L’utilisation de bouillettes spécialement conçues pour le long terme est impérative. On commence à parler d’amorçage sur le long terme à partir d’une semaine d’amorçage quotidien, en usant à chaque fois de plusieurs kilos d’appâts. Contrairement aux idées reçues, une bouillette pour le long terme n’est pas forcement plus coûteuse. Un mix de base céréalier, composé de bird food, est excellent pour mener à bien une telle expérience. C’est un très bon complément nutritif qui pourra être employé toute l’année, associé à un parfum crémeux ou chocolat qui donne de très bon résultats. Vous y rajoutez un sweetner  et voilà une recette  qui permet de prendre du poisson en ayant un coût de revient très modique. Maintenant, il y a les mix à base de fish meal, riches en acide gras et qui sont par mis les meilleur mix. Ils ont un pouvoir de conditionnement 10fois supérieur aux bird food  pour donner un exemple , j’utilise le mix Active 8 de Mainline, il contient des farine d’addiction comme des farines transformées à basse température .Avec ce genre de mix, les carpes de rivières qui sont quand même réputées carnassières, ( puisque des captures de 20+ se font régulièrement au twist et au  mort manier dans le Rhône) l’assimilation est beaucoup plus instantanée et aura tendance a conditionner plus de gros poissons en employant des mix comme celui-ci. L’essentiel est d’opter pour la bonne recette. Les additifs à incorporer sont très important et ne doivent surtout jamais êtres sur-dosés mais au contraire, je sous-dose  constamment pour ne pas masquer le pouvoir d’attraction des farines qui compose le mix. Un parfum faiblement dosé, un sucrant pour enlever les petites acidités que les farines peuvent avoir et un atractant liquide sur une base d’acides aminés pour labelliser votre appât et vous voici en possession d’excellentes bouillettes aptes à faire tomber des records !

Les ready made

Les bouillettes du commerce prêtes à l’emploie sont souvent inadaptées aux ALT. On va les classer en deux catégories : celles qui sont fortement dosées en parfum et peu nutritives, elles saturent vite les carpes si elles sont distribuées en trop grandes quantité mais qui on un énorme atout auprès du pêcheur : c’est leur prix de revient. C’est le facteur « coût » qui  influe sur l’engagement d’une campagne d’amorçage puisque la crise est toujours bien présente au sein de l’Europe et avant de nourrir les poissons, on pense plutôt à nourrir sa famille ! La seconde catégorie est celle des appâts qui sont sur une base très bien équilibrée, conçu pour une digestibilité du poisson et comportant des farines carnées, ou une très bonne base céréalière ou en plus des épices. Il ne faut pas se leurrer, à moins de 7 euros le kilo  toutes ces farines très onéreuses sont présentes en proportion infime ou inexistantes.

Quantité d’amorçage 

 Le volume d’appât nécessaire pour chaque amorçage est un dilemme pour beaucoup de carpistes et dépend de plusieurs critères. Je tiens à signaler qu’il n’est pas nécessaire d’amorcer tous les jours, un jour sur deux, voire sur trois, permet d’obtenir le même résultat sur le long terme à moindre frais. En rivière, 3 kilos de billes à chaque amorçage sont une base de départ correcte. Ensuite, on rectifie cette donne en fonction de la saison. Par exemple, on peut multiplier par 4 cette quantité en automne quand les carpes mangent abondamment dans le but de constituer des réserves de graisses importantes avant l’hiver. A l’inverse, on divisera par 2 le volume d’appât en plein cœur de l’hiver,  lorsque l’eau peine à passer les 9 degrés, saison difficile où les résultats sont souvent en dent de scies. En rivière avec la présence de bancs de carpes assez conséquents, il est parfois nécessaire d’avoir la main «  très lourde » pour contenter toutes ces bouches et surtout pour les détourner de leur nourriture naturelle. Il est donc impératif de bien connaître la population de poissons blancs et leur densité, pour adapter au mieux la quantité d’amorçage. 

Amorçage étalé

Ne commettez pas l’erreur de concentrer sur une petite zone tout votre amorçage. Etalez plutôt celui-ci de façon à recouvrir une plus grande partie du secteur de rivière où vous êtes , ce qui permettra de concentrer plus de poissons, tout en les gardant plus longtemps sur le poste, occupé à chercher les esches les unes après les autres et non en paquet. Plus on fait nager les carpes, plus on a des chances de les capturer ! Plutôt que de s’entêter inutilement avec des combinaisons de parfums ou d’additifs fantaisistes, révisez donc votre stratégie d’amorçage, vous devriez êtres surpris du résultat, du moins, c’est tout le mal que je vous souhaite !

Pêche hors zone amorcée

 Voilà une tactique d’amorçage particulièrement intéressante : on amorce avec un mélange de graines et de bouillettes sur une zone distincte, puis on positionne les montages eschés de bouillettes à une distance comprise entre 10 et 15 mètres hors de cette zone qu’il faut essayer de délimiter auparavant. Cette approche peut être payante sur les secteurs de rivière où la pression de pêche est considérable (et oui cela existe aussi en rivière) et où par conséquent, les carpes ont développé une certaine méfiance par rapport aux amorçages concentrés. Bien souvent les carpes visitent encore les zones amorcées mais se nourrissent peu et avec une prudence extrême. Elles entrent dans la zone, saisissent une ou deux bouillletttes, voire une bouchée de graines, puis elles s’en vont pour revenir et recommencer plus tard, et ainsi de suite. Dans ce cas précis, les fils tendus dans la zone amorcée alertent les carpes et les font fuir définitivement. Tant qu’il n’y rien pour alerter les carpes, elles reviennent. Et puisqu’elles font régulièrement des allers-retours vers la zone amorcée, il y a de grandes chances qu’elles trouvent l’esche sur leur chemin. Il existe une autre solution pour laquelle c’est quitte ou double et pour la même approche. C’est le cas sur les secteurs qui hébergent une population de carpes constitué d’un très grand nombre de petites carpes et d’un petit nombre de grosses (typique de la Saône) Quand ceci est le cas les amorçages attirent beaucoup de petites carpes, et le fait de les capturer régulièrement et de déranger sans cesse le poste en les combattant réduit considérablement les chances de pouvoir piéger l’un des gros poissons (plus âgés et plus méfiants).

Sélectionner les plus grosses carpes

 Les carpes de rivière ont coutumes de se déplacer en bancs très importants. Ces bancs sont constitués de carpes de taille à peu près semblable. Seuls les plus gros sujets, donc les plus âgés, vivent en solitaire ou à quelques individus seulement. Ce sont tout simplement les derniers survivants d’un banc en quelque sorte. Ces gros poissons sont sédentaires, ils ne se mélange pas aux autres carpes pour se nourrir, et éviter tant qu’ils peuvent la concurrence alimentaire acharnée que se livrent les petites carpes. Bien qu’il soit toujours possible de prendre une grosse carpe au milieu de petites en rivière plus qu’en plan d’eau encore, la stratégie d’amorçage à une nette influence sur la taille moyenne des captures. De toute façon, quand on ne connaît pas une rivière, le meilleur moyen de se familiariser avec ses mystères est de pêcher en premier lieu la carpe sans se poser la question de la taille des captures. Ce n ‘est qu’après de nombreuse sessions et une connaissance accrue des secteurs prospectés que l’on peut se permettre de se lancer à la recherche d’une géante avec de forte chances de réussite.

Maintenant il ne vous reste plus qu’à peser le pour et le contre, pêche au spot ou Alt, parfum crémeux ou carné, … Beaucoup de ces choses vont dépendre du temps que vous avez à y consacrer et aussi de votre budget mais peu importe le cas de figure que vous aurez choisi, l’important est de prendre du plaisir à être au bord de la rivière avec quelques poissons à la clef. Grosse ou petite, une touche reste une touche !